Le bleu …

Publié le 5 Juillet 2014

Chaque matin je caresse le ciel quand ses paupières sont encore chaudes. 
 
 
Les femmes aux yeux noirs ont le regard bleu.
 
Bleu est la couleur du regard, du dedans de l'âme et de la pensée, de l'attente, de la rêverie et du sommeil .
Il nous plait de confondre toutes les couleurs en une. Avec le vent, la mer, la neige, le rose très doux des peaux, le rouge à lèvres des rires, les cernes blancs de l'insomnie autour du vert des yeux, et les dorures fanées des feuilles qui s'écaillent , nous fabriquons du bleu .
 
Nous rêvons d'une terre bleue, d'une terre de couleur ronde, neuve comme au premier jour, et courbe ainsi qu'un corps de femme.

Nous nous accoutumons à n'y point voir clair dans l'infini, et patientons longtemps au bord de l'invisible. Nous convertissons en musique les discordances de notre vie. Ce bleu qui nous enduit le coeur nous enduit de notre condition claudicante. Aux heures de chagrin, nous le répandons comme un baume sur notre finitude. C'est pourquoi nous aimons le son du violoncelle et les soirées d'été: ce qui nous berce et nous endort. Le jour venu, l'illusion de l'amour nous fermera les yeux.
 
 
Ce bleu n'appartient à personne.
 
Il n'est ni le bien des hommes ni le royaume des dieux. il circule et se répand, distribuant partout la matiére mobile de son propre rêve.

Le fini et l'inachevé échangent en lui leurs vertus. S
'il n'est point d'ame ni de principe, au moins existe-t'il ce bleu toujours prés de s'entrouvrir dans la grisaille des jours, offert à quiconque et pour rien telle la paume d'une main vide, et telle une promesse dont chacun doit savoir quelle ne sera point tenue...
 

 

 
 

Le bleu ne fait pas de bruit.

C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.

Le bleu est une couleur propice à la disparition.

Une couleur où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même  de l'âme après qu'elle s'est déshabillée du corps,  après qu'a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de ses pensées.

Indéfiniment, le bleu s'évade.

Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux...

 

 

 

 
Toi, le petit corps d'homme transi, le bonhomme de chair blanche, tu mimes le geste de l'amour, tu danses, tes reins s'agitent, tu ne sais plus qui tu es ni qui tu aimes, cela te fais du bien, ce bleu qui te brûle , te remue et dévêt de toi: ton corps n'est plus si lourd, et te voici couché, vivant, dans un hallucinant sommeil, osant des mouvements aussi déliés que les phrases qui te manquent pour dire le bleu qui est en toi et que la mer chante à ta place quand elle accueille et porte en elle ce corps qu'elle innocente de n'être qu'un paquet de désir et de larmes.

 

( extraits : Une histoire de bleu de  Jean-Michel Maulpoix)

 

 

"L'âme a la couleur du regard. L'âme bleue seule porte en elle du rêve, elle a pris son azur aux flots et à l'espace..." Guy de Maupassant

" Y'a pas qu'au fond de la piscine que mes yeux sont bleu marine".  Serge Gainsbourg 

"Le verre de curaçao qui danse, l'amer qui devance le bleu nuit, les yeux délavés, du spleen aux ombres portée, blues ..."  Voltene Sue    

 

All Blues... (Chet Baker)  ♪♫ 

L’Azur se courbe 


et devant ton œil 

bleu déclin 

le baume cerisier blanc

de tes caresses 

savamment décline


sa rhapsody 
blue



stompin’ at the Savoy 

le pianiste 

aux doigts de cristal 

étire 

de Bessie des langueurs 

désirables 
et pianote 

tempo blasé

les notes désenchantées de saveurs 

oubliées



le blues le blues le blues

ronge ton âme esseulée

songe songe songe

à la lenteur du temps 

qui s’écoule 

se délasse et s’enlace

en cet instant



tandis qu’au ciel glisse 

un long goéland 

et qu'au firmament 

passe la trace

ardeur de tes rêves 

brûlants


(Angèle Paoli)

 

Almost Blue ... (Chet Baker)     ♪♫ 

 

Bleu que je t'aime bleu
( tire ta langue ta belle langue bleue)

Le bleu ce n'est pas que le blues j'écoute Mingus
Le Bleu ce n'est pas que le bleu des pleurs  je lisais Venaille - pourquoi tu pleures? dis - parce que le ciel est bleu
Le Bleu ce n'est pas que la grenouille de Spinoza et sa réalité intrinsèque La grenouille de Perros au fond d'un lavoir breton
Le Bleu ce n'est pas ce convalescent pâlichon que Maulpoix voudrait Jardiner - sans doute pour lui redonner un peu de couleur-
Un peu de ce bleu chinois des vestes de 68 qui avait teint les doigts de ma mère à la première lessive
Le Bleu sur le dragon couché de Ségalen
Les Bleus que j'accumulais enfant quand je faisais tant de couronnes dans la rue des premiers goudrons - la rue du pré de long
Le Bleu nous rejoignant nous disjoignant faisant corps faisant feu
Brûlant l'ombre des paroles et des yeux
Bleu que je t'aime bleu !


( jj Dorio)

 

 

Blue in the summer night  .. (''Quiet Nights'' Miles Davis et Bil Evans)  ♪♫ 

 
 

(période bleue de Picasso )

"Quand je n'ai pas de bleu, je mets du rouge... " Picasso 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À défaut de livre, au moins cette promesse de poème,
à défaut de poème, vite, au moins cette phrase
prononcée à tâtons dans la nuit,
à défaut de phrase, ce cri venu du ventre,
à défaut de cri, cette voix introuvable,
avec son bruit d’herbe 
obstinée,
 

 

 
un léger souffle d’air en quelque sorte
sans défaut.
 
 
Je dessine sur ta peau un événement illisible.
Si tu l’ouvres en son milieu, il en sortira de quoi boire
et manger jusqu’à la fin du jour…   (Dominique Sorrente)
 
 

 

 
 
Anthropométries de l'époque bleue de l'artiste Yves Klein 
 
 
Ses modèles enduites de peintures seront les pinceaux humains avec lesquelles Klein donnera formes et couleurs à sa fièvre créatrice …
 
 

 

 
 
 
 
Bleu du Ciel, bleu de la Mer, bleu divin ou bleu de l'Artiste, cette couleur nous renvoie ''à tout ce qui nous entoure'', mais dans le domaine de l'impalpable, du fugace, de la grandeur, où l'homme peut se retrouver et se découvrir dans la solitude de la Nature offerte ''au sein de son infinie limpidité'' – par sa chair même : le Bleu  
 
 
 
 
" Palsambleu,  morbleu, ventrebleu, jarnibleu !!!
   Dieu aussi a eu sa période bleu ".  (Jacques Prévert) 
 
 
 
Les Trois couleurs de Zbigniew Preisner :  Le Bleu 
 
 
Les ruelles de Chefchaouen au Maroc, La ville Bleue 
 
 
On ne me raconte plus de contes bleus
Suis pas  fleur bleue ... ni cordon  
 Jamais de colères bleues mais ... parfois des peurs 
Mes yeux ne sont pas bleus ... ni mon sang
StoO°0op ... avant de n'y voir que du bleu °° !!! 
 
 
etc ... 
 
Yves Klein … empreintes de corps de femmes nues enduites de peinture

Yves Klein … empreintes de corps de femmes nues enduites de peinture

Rédigé par hyboux

Publié dans #couleurs, #musiques, #Mots imagés

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